Son message pour la sixième Journée mondiale des pauvres est une saine provocation, dit le pape, ".pour nous aider à réfléchir sur notre mode de vie et sur les nombreuses pauvretés du moment présent.".
"Il y a quelques mois, le monde émergeait de la tempête de la pandémie, montrant des signes de reprise économique qui soulageraient des millions de personnes appauvries par la perte d'emploi. Il y avait une lueur de sérénité qui, sans oublier la douleur de la perte des êtres chers, promettait enfin un retour aux relations interpersonnelles directes, à la reconnexion sans limites ni restrictions. Et puis une nouvelle catastrophe est apparue à l'horizon, destinée à imposer un scénario différent au monde.
La guerre en Ukraine est venue s'ajouter aux guerres régionales qui, ces dernières années, ont semé la mort et la destruction...".
Aussi Dans le contexte actuel de conflits, de maladies et de guerres, François évoque l'exemple de Saint Paul, qui organisaient des collectes, par exemple à Corinthe, pour venir en aide aux pauvres de Jérusalem. Il se réfère en particulier aux collectes de la messe dominicale. "Sur proposition de Paul, ils collectaient chaque premier jour de la semaine ce qu'ils avaient réussi à économiser, et ils étaient tous très généreux. Nous aussi, nous devons être généreux pour la même raison, en signe de l'amour que nous avons reçu de Jésus-Christ. C'est un signe que les chrétiens ont toujours fait avec joie et sens des responsabilités, afin qu'aucune sœur ni aucun frère ne manque du nécessaire", comme en témoigne déjà saint Justin (cf. Première Apologie, LXVII, 1-6).
Ainsi le pape nous exhorte à ne pas se fatiguer de vivre la solidarité et l'accueilEn tant que membres de la société civile, maintenons vivant l'appel aux valeurs de liberté, de responsabilité, de fraternité et de solidarité. Et en tant que chrétiens, trouvons toujours dans la charité, la foi et l'espérance le fondement de notre être et de notre action". Face aux pauvres, il faut renoncer à la rhétorique, à l'indifférence et à l'abus de biens matériels.. Il ne s'agit pas seulement d'une question d'assistance. Il ne s'agit pas non plus de militantisme : "ce n'est pas ce n'est pas l'activisme qui sauve, mais une attention sincère et généreuse qui me permet d'aborder un pauvre comme un frère qui me tend la main pour m'aider à me réveiller de la léthargie dans laquelle je suis tombé".
C'est pourquoi, ajoute le Pape avec des mots exigeants tirés de son exhortation programmatique Evangelii Gaudium, "personne ne devrait dire qu'il se tient à l'écart des pauvres parce que ses choix de vie impliquent de prêter plus d'attention à d'autres questions. C'est une excuse fréquente dans les milieux universitaires, commerciaux, professionnels et même ecclésiaux. [...] Personne ne peut être exempté du souci des pauvres et de la justice sociale." (n. 201).
"Que cette 6e Journée mondiale des pauvres devienne une occasion de grâce, de faire un examen de conscience personnel et communautaire, et de nous demander si la pauvreté de Jésus-Christ est notre fidèle compagne dans la vie".
Le pape François, message du XXXIIIe dimanche du temps ordinaire, 13 juin 2022.
Et l'évêque de Rome conclut en soulignant deux types de pauvreté très différents : ".il y a une pauvreté - la famine et la misère - qui humilie et tue, et il y a une autre pauvreté, sa pauvreté - celle du Christ - qui nous libère et nous rend heureux"..
Elle est l'enfant de l'injustice, de l'exploitation, de la violence et de la répartition injuste des ressources. "C'est une pauvreté désespérée, sans avenir, car elle est imposée par une culture du jetable qui n'offre aucune perspective ni solution". Cette pauvreté, souvent extrême, touche également "la dimension spirituelle qui, bien que souvent négligée, n'existe pas ou ne compte pas".
La pauvreté anthropologique est en effet un phénomène malheureusement fréquent dans la dynamique actuelle du profit sans le contrepoids - qui devrait être prioritaire et qui ne s'oppose pas au seul profit - du service aux personnes.
Et cette dynamique est implacable, comme le décrit Francis dans sa Message pour la 6ème Journée Mondiale des PauvresLorsque la seule loi est celle du calcul des profits à la fin de la journée, alors il n'y a plus de frein à la logique d'exploitation des personnes : les autres ne sont que des moyens. Il n'y a plus de salaires justes, plus d'heures de travail équitables, et de nouvelles formes d'esclavage sont créées, subies par des personnes qui n'ont pas d'autre alternative et doivent accepter cette injustice empoisonnée afin d'obtenir le minimum pour leur subsistance".
En termes de la pauvreté qui libère (la vertu de détachement ou pauvreté volontaire), est le fruit de l'attitude de détachement que tout chrétien doit cultiverLa pauvreté qui libère, en revanche, est celle qui nous est présentée comme un choix responsable d'alléger le lest et de se concentrer sur l'essentiel.
Le pape observe qu'aujourd'hui, beaucoup cherchent à s'occuper des plus petits, des plus faibles et des plus pauvres, parce qu'ils y voient leur propre besoin. Loin de critiquer cette attitude, il la valorise tout en appréciant ce rôle éducatif des pauvres à notre égard : "la rencontre avec les pauvres nous permet de mettre fin à tant d'angoisses et de peurs inconsistantes, d'arriver à ce qui est vraiment important dans la vie et que personne ne peut nous voler : l'amour vrai et gratuit. Les pauvres, en réalité, plutôt que d'être l'objet de nos aumônes, sont des sujets qui nous aident à nous libérer des liens de l'agitation et de la superficialité".
M. Ramiro Pellitero Iglesias
Professeur de théologie pastorale à la Faculté de théologie de l'Université de Navarre.
Publié dans "Eglise et Nouvelle Evangélisation".
