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3 Mars, 23

Articles d'experts

Le discernement du cœur

La catéchèse du pape sur le discernement (qui s'est déroulée lors des audiences du 28 septembre 2022 au 4 janvier 2023) a porté sur la réflexion qu'il appartient à chacun de faire personnellement dans sa vie spirituelle.

Elle a accordé une attention particulière à l'importance des affections dans l'examen de conscience et dans la prière. Il ne fait donc pas référence au rôle d'accompagnement ou de direction spirituelle, sauf lors de la dernière audience générale ; il ne fait pas non plus référence au discernement à d'autres niveaux sociaux ou ecclésiaux.

Nous devons tous faire preuve de discernement de prendre les bonnes décisions. C'est le propre de la vertu de prudence, même si aujourd'hui ce terme a acquis un sens réducteur de prudence ou de précaution. Mais la prudence elle-même est "la raison juste d'agir", et peut donc aussi nous conduire à agir sans délai et avec générosité.

D'un point de vue chrétien, en outre, le discernement exige de prendre en compte notre statut d'enfant de Dieu, l'amitié et le contact personnel avec Jésus-Christ, et l'action du Saint-Esprit.

Le pape a encouragé savoir reconnaître les signes Il faut trouver Dieu dans des situations inattendues, voire désagréables ; et aussi savoir percevoir une chose qui peut nous faire empirer en cours de route, même si elle se présente de manière attrayante.

Éléments de discernement

Dans une première partie de ses catéchèses (jusqu'au 19 octobre inclus) Le pape François a indiqué quatre éléments principaux de ce discernement spirituel, que nous pourrions appeler "individuel".

Tout d'abord, le l'amitié ou la familiarité avec le Seigneur : parlez-lui dans la prière, avec proximité et confiance, car il ne nous abandonne jamais.

Deuxièmement, le connaissance de soiCe n'est pas facile, car nous avons tendance, d'une part, à nous cacher - même à nous-mêmes - et, d'autre part, nous nous laissons facilement influencer par des modes ou des slogans superficiels.

Tout cela est facilité par le fait de faire examen de conscience. Et le Pape ne fait pas référence ici à l'examen préalable à la confession sacramentelle (pour découvrir les péchés dont on doit être accusé), mais à l'examen de conscience général en fin de journée. Examen de conscience général à la fin de la journée : "Que s'est-il passé dans mon cœur aujourd'hui ? Beaucoup de choses se sont passées... Lesquelles, pourquoi, quelles traces ont-elles laissé dans mon cœur ?

Le troisième "ingrédient" du discernement serait de savoir ce qu'ils sont et comment ils sont. nos souhaits, Nous devons faire attention à ce que nos désirs soient grands et opérants, car parfois nous restons dans nos plaintes (cf. Jn 5,6 ss), qui ont plutôt pour effet de narguer ou d'atrophier notre désir.

Quatrièmement, il nous conseille de lire ou interpréter sa propre histoire. Si nous faisons cela, un peu chaque jour, nous pourrons détecter tant d'éléments toxiques ou pessimistes qui nous freinent (je ne vaux rien, tout va mal pour moi, etc.), peut-être avec l'aide de quelqu'un qui pourra nous aider à reconnaître nos qualités, les bonnes choses que Dieu sème en nous.

Experts Fondation CARF

L'audience du pape François le 28 septembre 2022. Source : Nouvelles du Vatican.

Désolation et consolation

Dans une deuxième partie de la catéchèse (jusqu'au 23 novembre), il s'est concentré sur le binôme désolation-consolation.

D'abord, la désolation ou tristesse spirituelle. Cette tristesse n'est pas forcément mauvaise en soi. Parfois elle est le résultat du remords d'avoir fait quelque chose de mal, mais parfois elle est simplement une "douleur dans l'âme", un feu rouge, nous invitant à nous arrêter, à voir ce qui ne va pas ; parfois elle peut être une tentation de découragement, envoyée par le diable pour nous arrêter sur le chemin du bien.

Dans tous les cas, il convient de se demander d'où cela vient Nous ne devons pas oublier que Dieu ne nous abandonne jamais, et qu'avec Lui nous pouvons surmonter toute tentation, comme Jésus nous l'a enseigné (cf. Mt 3, 14-15 ; 4, 11-11 ; 16, 21-23).

Le pape insiste sur le fait que, parfois, une telle désolation peut être bonne. En effet, prévient-il, s'il n'y a pas un peu d'insatisfaction, un peu de saine tristesse, une saine capacité à vivre dans la solitude et à être avec nous-mêmes sans fuir, nous courons le risque de rester toujours à la surface des choses, et de ne jamais entrer en contact avec le centre de notre existence. Il est bon d'avoir une certaine "agitation saine". comme l'ont fait les saints".

Et il explique que la désolation nous donne le le potentiel de croissanceNous devons mûrir dans la capacité à nous donner librement aux autres, sans chercher notre propre intérêt ou notre propre bien-être. Par exemple, dans la prière, nous pouvons être à sec, nous sentir vides ou être tentés de l'abandonner. Mais nous devons apprendre à être avec le Seigneur, tout en continuant à le chercher, peut-être au milieu de cette tentation, ou de ce vide que nous éprouvons. Mais sans abandonner la prière, car sa réponse vient toujours.

Il y a aussi des "consolations" dans la vie spirituelle, des joies. Mais il faut savoir distinguer les vraies consolations des fausses consolations. Les premières nous conduisent à continuer à chercher le Seigneur, reconnaissants pour ce qu'il nous donne. Les secondes sont celles qui nous conduisent à nous chercher nous-mêmes, à nous dérober à nos devoirs ou à maltraiter les autres.

Contrôler notre chemin

Dans la dernière partie de la catéchèse (à partir du 7 décembre), François nous a invités à regarder la phase qui suit les décisions prises, afin de vérifier si elles ont été adéquates ou non. Comme signes que ce sont de bonnes décisions, a souligné : la paix et la joie intérieures, le souci des besoins des autres, "se sentir à sa place", la croissance dans l'ordre, l'unité et l'énergie dans notre vie spirituelle.

Il a ajouté l'importance de surveillanceNe pas s'engourdir, ne pas s'habituer, ne pas se laisser emporter par la routine (cf. Lc 12, 35-37). Cela est nécessaire pour assurer la persévérance, la cohérence et le bon fruit de nos décisions.

La raison en est que celui qui devient trop sûr de lui perd l'humilité et, par manque de vigilance du cœur, peut laisser entrer à nouveau le malin (cf. Mt 12, 44 et suivants). Si on les laisse sans surveillance, les mauvaises herbes poussent : L'orgueil, la présomption d'être bon, le confort d'être à l'aise, la confiance excessive en soi... En un mot, le manque d'humilité... et on finit par tout perdre.

Voici le conseil : "Veille sur ton cœur, car la vigilance est un signe de sagesse, c'est surtout un signe d'humilité, car nous avons peur de tomber et l'humilité est la voie maîtresse de la vie chrétienne".

Aides au discernement

Plus tard, le Pape a indiqué quelques aides au discernement. Il s'est principalement référé à laa Parole de Dieu et la doctrine de l'Église. La Parole de Dieu se trouve dans les Saintes Écritures (en particulier dans la lecture assidue des Évangiles) avec l'aide de l'Esprit Saint.

C'est pourquoi François insiste, comme en d'autres occasions : "Prenons l'Évangile, prenons la Bible dans nos mains : cinq minutes par jour, pas plus. Portez un évangile de pocheC'est une bonne idée de le garder dans votre sac, et lorsque vous voyagez, prenez-le et lisez un peu pendant la journée, en laissant la Parole de Dieu s'approcher de votre cœur.

Il a également fait allusion, conformément à l'expérience des saints, à l'importance de contempler la passion du Seigneur et le voir dans le CrucifixL'utilisation de la Vierge Marie ; pour demander au Esprit Saint (qui est "le discernement en action") et le traiter avec confiance, avec le Père et le Fils.

Dans la dernière catéchèse (cfr. Audience générale du 4 janvier 2023), François a souligné l'importance de la accompagnement spirituel et de se faire connaître afin de se connaître soi-même et de cheminer dans la vie spirituelle.

M. Ramiro Pellitero Iglesias
Professeur de théologie pastorale à la Faculté de théologie de l'Université de Navarre.

 

Publié dans "Eglise et nouvelle évangélisation". Ce texte (révisé le 4 janvier 2023) est une synthèse d'un texte plus complet, publié dans la revue "Omnes", numéro de janvier 2023.

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