Bien que les Cortes d'Aragon l'aient déclarée patronne du royaume en 1678, c'est à Saragosse que l'on trouve le plus de souvenirs et de références à cette sainte, née dans le palais de la Aljafería vers 1270. Contrairement à d'autres saints aragonais, aucune chapelle ne lui est dédiée à El Pilar ou à La Seo, mais l'église baroque monumentale de la Plaza del Justicia lui est consacrée. L'une des rues qui mène de cette place à l'une des artères les plus fréquentées de Saragosse porte également son nom : la Calle Alfonso.
L'iconographie de l'Infante d'Aragon et Reine du Portugal se concentre essentiellement sur sa charité héroïque, dirigée principalement vers les pauvres et les malades. L'image de Saint Charles la représente avec une couronne royale et un manteau violet, un manteau tenu à deux mains et rempli de roses.
Le visage, dont la teinte va du blanc cassé au rosé, est un exemple d'expressivité baroque, une combinaison harmonieuse du sublime et de la simplicité. "Délicatesse" est le terme qui définit le mieux l'image. En effet, le répertoire hagiographique est riche en exemples de reines et de princesses charitables qui, interrogées par leurs parents ou leurs maris sur le contenu des plis de leur manteau, montrent des roses au lieu de pièces de monnaie ou de nourriture destinées aux pauvres.
A cela, il faut objecter qu'aucune légende ne peut mettre en doute les témoignages de la charité d'Elisabeth, expression de sa foi dans l'identification de ceux qui ont besoin d'aide. patients avec le Christ. C'était une sainte qui, comme d'autres, était un véritable mère de la miséricorde.
Une cinquantaine d'années avant Jésus-Christ, le livre de la Sagesse (1, 8) brossait le portrait d'une époque où le bonheur consistait à être couronné de roses avant qu'elles ne se fanent. Mais les roses ont toujours des épines, et il en va de même pour la vie.
Ces épines n'ont pas été épargnées à la douce, gentille et intelligente reine Elizabeth. Son manteau de roses déployé est une image de sa propre vie. Notez, cependant, que le manteau montre les roses, et non les épines.
Et c'est que le Christian ne cache pas la réalité de la vie mais lui donne un nouvel accord : le surnaturel, pour l'authentique. Vie chrétienne est celle de l'identification au Christ.
La dévotion aux saints est éclairée par la considération qu'ils sont d'autres Christs. Sans les saints, le Christianisme devient plus inaccessible. Enlevez les saints et les prophètes, et il nous reste le Dieu spectateur et immobile des philosophes.
Sainte Elisabeth du Portugal, priez pour la paix dans nos pays. Elle est la sainte patronne des territoires en guerre.
Un saint aragonais du XXe siècle, saint Josémaria Escriva, a un jour évoqué la sainte reine en ces termes : "Cette sainteté bienveillante d'une infante d'Aragon, la reine Isabelle du Portugal, dont le passage dans le monde fut comme un semis lumineux de paix entre les hommes et les peuples".
Il n'y a pas de plus grand prodige de synthèse dans ces paroles élogieuses. A l'opposé d'une "sainteté" rigoriste et peu sympathique, nous avons ici un exemple de naturel, une démonstration que la sainteté peut aussi habiter les palais et se déplacer avec aisance dans les banquets, les audiences et les visites. Au milieu des intrigues et des mesquineries, la sainteté est possible si elle se déplace au rythme de la présence de Dieu. Cette présence s'est nourrie de la piété d'Élisabeth, de la récitation des psaumes et de la messe quotidienne. C'est de là qu'est née la force de celle qui, comme l'Esther biblique, aurait pu dire : "Mon Seigneur et mon Dieu, je n'ai de défenseur que Toi" (Est 4,17).
Son mari, le roi Don Dionis, semblait souvent plus intéressé par les galanteries des troubadours que par les affaires du gouvernement. Ses infidélités permanentes étaient de notoriété publique, mais Isabella se taisait et changeait souvent de conversation ou se retirait dans la chapelle du palais lorsque les langues déchaînées des courtisans cherchaient à la tourmenter avec les dernières nouvelles de la "vie galante" de son mari.
Le fils d'Alfonso envers son père, car ce dernier montrait des signes de préférence envers ses frères bâtards. La reine se rend dans une plaine près de Lisbonne pour éviter un affrontement entre les armées de son mari et de son fils, et bien qu'elle parvienne à l'éviter, elle sera emprisonnée par ordre royal derrière les murs de la forteresse d'Alenquer, sur l'injuste soupçon qu'elle avait elle-même fomenté la rébellion d'Alfonso. Elle quittera cependant la forteresse pour assister Don Dionís sur son lit de mort en 1325.
C'est alors que le roi lui-même rappelle à Alphonse que la reine est deux fois sa mère, car elle lui a donné sa vie dans les larmes et les prières. Isabelle ira à la rencontre de Dieu en 1336 à Estremoz, dans la chaleur et le labeur de l'été alentejane, en allant s'interposer entre les armées opposées de deux Alphonse : son fils Alphonse IV de Portugal et son petit-fils Alphonse XI de Castille.
Elle fut aussi l'artisan de la paix, car les béatitudes nous montrent le portrait des imitateurs du Christ, et appellent les artisans de la paix des enfants de Dieu (Mt 5,9).
Seuls ceux qui sont remplis de Dieu ont la paix et sont en mesure de la transmettre. La paix vient souvent aussi de cette sainteté bienveillante, bien que souvent mal comprise, qui voit dans les autres d'autres enfants de Dieu.
Antonio R. Rubio Plo
Diplômé en histoire et en droit
Écrivain et analyste international
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