Saint Jean-Paul II avait une grande affection pour ses parents. Certes, ce genre de dévotion n'est pas courant, car une telle photo rendrait certains nostalgiques et tristes. Karol Wojtila, lui, a gardé ses parents présents jusqu'à son départ pour le ciel.
Emilia a toujours ressemblé à son fils Karol, avec un visage carré et massif, de grands yeux et un nez proéminent. Fille de pauvres artisans, sa vie fut douloureuse, car elle se retrouva rapidement orpheline de mère. C'était une femme d'une grande foi et d'une piété ardente, avec un penchant particulier pour les dévotions mariales. Elle n'a jamais été en bonne santé, mais la naissance de Karol lui a donné la force et la joie de voir grandir un enfant sain et robuste, contrairement à sa fille qui, six ans plus tôt, était morte à la naissance. Emilia avait trouvé en un jeune militaire, qui allait devenir capitaine, le partenaire idéal pour l'aventure de la fondation d'une famille.
Il est attiré non seulement par ses bonnes manières et sa courtoisie, mais aussi par sa profonde piété. Affecté à la garnison de la petite ville de Wadowice, le capitaine Wojtyla reçoit un salaire modeste et mène une vie plutôt modeste. Il passait de nombreuses heures loin de chez lui, même s'il arrivait à temps pour partager une vie de famille paisible, dans laquelle la prière et la méditation jouaient un rôle prépondérant, mais aussi la lecture de l'histoire et de la littérature de la Pologne, la patrie qui avait retrouvé son indépendance en 1918. Comme l'a dit un biographe du pape, cette maison était un peu Nazareth.
Paroles de Saint Jean-Paul II sur sa mère :
"C'était une femme exceptionnelle... C'est à elle que je dois ma première éducation religieuse.
Il a toujours été un homme de foi profonde et de discipline, dont la vie a marqué à jamais son fils, le futur saint Jean-Paul II. Après la mort de son épouse Emilia, il éleva seul Karol, lui inculquant la dévotion mariale, l'amour de la prière et la force d'âme face à l'adversité.
Homme austère mais affectueux, il l'emmenait à la messe quotidienne et lui apprenait à prier à genoux, même en période d'occupation nazie. Sa mort soudaine en 1941 laissa le jeune Karol orphelin à l'âge de 21 ans, mais son exemple de piété silencieuse et de dévouement à Dieu devint le fondement spirituel de sa vocation. Jean-Paul II se souviendra toujours de son père comme de son "premier guide spirituel", celui qui lui a montré que "La sainteté n'est pas un luxe, c'est un devoir..
Réflexion de Jean-Paul II sur son père :
"Mon père était un homme d'une grande intériorité... C'est avec lui que j'ai appris à prier.".
À l'âge de neuf ans, le jeune Karol, familièrement appelé Lolek, va assister à la mort de sa mère. Il a quarante-cinq ans et souffre d'une néphrite. Son père, qui a eu cinquante ans en 1929, a été contraint de se retirer de l'armée pour s'occuper de son jeune fils.
Il y a aussi un fils aîné, Edmund, 23 ans, qui est parti étudier la médecine à Cracovie, non loin de là. Ce fils, en poste dans différents hôpitaux, se rendra fréquemment dans la maison familiale pour retrouver son père et son frère. Mais en 1932, à l'âge de vingt-six ans, Edmund meurt de la scarlatine. Il l'avait attrapée sur une femme malade qu'il s'était efforcé de soigner. Tel était son caractère généreux et énergique et son dévouement passionné à sa vocation de médecin.
Les deux Karol, père et fils, restent à la maison à Wadowice. Le père prépare les repas, s'occupe du ménage et supervise les devoirs de l'enfant. En outre, dans cette maison de nombreux chapelets sont récités, une manière de se rapprocher de la Mère céleste. en l'absence de la mère terrestre. Le fils fréquente d'abord une école municipale, puis le lycée de la ville. Il est un élève brillant dans de nombreuses matières, en particulier la religion, et sera également un gardien de but assidu, qui s'attire la sympathie de ses camarades de classe, parmi lesquels se trouvent de nombreux juifs.
Avant la Seconde Guerre mondiale, environ un tiers de la population de la ville était juive. Le jeune Karol sera impressionné par le soin apporté par les Juifs à leurs rites religieux, qui contraste parfois avec les églises chrétiennes vides et la piété routinière. Bien des années plus tard, lors d'une visite à la synagogue de RomeEn tant que pape, il affirmera que "les Juifs sont nos frères aînés dans la foi".