Le site Le but de la liturgie catholique, dont le centre est la célébration des sacrements et en particulier de l'Eucharistie, est la communion des chrétiens avec le corps et le sang du Christ.. C'est la rencontre de chaque individu et de la communauté chrétienne comme un seul corps et une seule famille avec le Seigneur.
La liturgie, souligne le pape, garantit la possibilité d'une rencontre avec Jésus-Christ dans l'"aujourd'hui" de notre vie, afin de transformer toutes nos activités - travail, relations familiales, efforts pour améliorer la société, aide à ceux qui ont besoin de nous - en lumière et en force divines.
C'est ce que le Christ a voulu lors de la dernière Cène. C'est le sens de ses paroles : "Faites ceci en mémoire de moi". Depuis lors, il nous attend dans l'église. Eucharistie. Y la mission évangélisatrice de l'Église n'est rien d'autre que l'appel à la rencontre que Dieu désire avec tous les peuples du monde.La rencontre commence au baptême.
A plusieurs reprises, il expose progressivement les objectifs de ce document : "Par cette lettre, je voudrais simplement inviter toute l'Eglise à redécouvrir, garder et vivre la vérité et la puissance de la célébration chrétienne". (n. 16) ; "redécouvrir chaque jour la beauté de la vérité de la fête chrétienne" (n. 16) ; "redécouvrir chaque jour la beauté de la vérité de la fête chrétienne" (n. 17). (avant n. 20);
pour raviver l'émerveillement devant la beauté de la vérité de la célébration chrétienne ; rappelant la nécessité d'une formation liturgique authentique et reconnaissant l'importance d'un art de la célébration d'être au service de la vérité du mystère pascal et de la participation de tous les baptisés, chacun selon la spécificité de sa vocation". (n. 62).
Lettre Apostolique Desiderio desideravi (29-VI-2022), par le pape François.
En plus de l'ignorance de la liturgie - ou d'une compréhension superficielle et réductrice, François déplore l'instrumentalisation de l'Eucharistie au service de deux visions idéologiques : un subjectivisme individualiste qui enferme l'homme dans sa propre raison et ses propres sentiments, et une confiance dans ses seules forces. (cf. Evangelii Gaudium, 94)..
. Car ces deux poisons, que François a dénoncés comme des variantes d'un anthropocentrisme se faisant passer pour la vérité catholique (cf. Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, 35). Il propose ici la formation liturgique comme antidote.
En ce qui concerne le premier, le poison de l'individualisme (une variante du néognosticisme), prévient : "L'action de célébration n'appartient pas à l'individu mais à l'Église-Christ.à la totalité des fidèles unis dans le Christ". (n. 19)par la Parole de Dieu et les signes sacramentels. Ces signes, qui suivent le chemin de l'Incarnation, sont conformes au langage du corps, qui s'étend aux choses, à l'espace et au temps.
Sur le second point, la présomption de se sauver par ses propres moyens (néo-pélagianisme), "la célébration liturgique nous purifie en proclamant la gratuité du don du salut reçu dans la foi". C'est le Seigneur qui nous sauve.
C'est pourquoi la liturgie n'a rien à voir avec un "moralisme ascétique", c'est-à-dire la proposition de rechercher la sainteté avant tout avec nos forces et nos luttes, mais avec le désir de Jésus de se donner pour être la lumière, la nourriture et la force de notre vie.
Le pape s'arrête au signification théologique de la liturgie selon le Concile Vatican II (cf. Const. Sacrosanctum concilium, 7). par rapport au Christ, à son sacerdoce et au mystère pascal de sa mort et de sa résurrection.
Comme le dit Francisco : "La liturgie est le sacerdoce du Christ révélé et donné à nous. dans son Pâquesprésent et actif aujourd'hui à travers les signes sensibles (eau, huile, pain, vin, gestes, paroles) afin que l'Esprit, nous immergeant dans le mystère pascal, transforme toute notre vie, nous conformant de plus en plus au Christ". (n. 21).
En ce qui concerne la beauté de la liturgie, il met en garde contre l'"esthétisme rituel" (qui ne s'intéresse qu'aux rites extérieurs). Mais elle est aussi loin de la "négligence banale", de la "superficialité ignorante", et aussi d'un "fonctionnalisme pratique" exagéré.
"Soyons clairs : tous les aspects de la célébration doivent être pris en compte" ; mais même cela ne suffirait pas pour une pleine participation liturgique. Que propose François en plus ?
Tout d'abord, "l'émerveillement devant le mystère pascal", c'est-à-dire l'attitude de celui qui apprécie la merveille et la signification de ce qui est célébré. C'est pourquoi une "formation liturgique sérieuse et vitale" est nécessaire.
Comme cadre historique, il affirme que la post-modernité a hérité de la modernité la tendance à l'individualisme et au subjectivisme. Le Concile Vatican II, en revanche, a mis à la première place non pas l'homme, mais Dieu, à travers la prière et la liturgie (la Constitution sur la Liturgie a été la première à être adoptée).
Selon les mots de Saint Paul VI : "La liturgie, première source de la vie divine qui nous est communiquée, première école de notre vie spirituelle.
Le premier cadeau que nous pouvons faire au peuple chrétien, qui avec nous croit et prie, et la première invitation au monde à délier dans la prière joyeuse et véridique sa langue muette et à sentir l'ineffable pouvoir régénérateur de chanter avec nous les louanges divines et les espérances humaines, par le Christ Seigneur dans la (Conclusion de la deuxième session du Conseil, 4 décembre 1963).
La liturgie, déclare le Concile, est "le sommet vers lequel tend l'action de l'Église et, en même temps, la source d'où découle toute sa force". (Sacrosanctum concilium, 10). Ainsi, conclut François, il serait trivial d'interpréter les tensions que l'on peut observer aujourd'hui dans l'interprétation de la liturgie comme de simples divergences de sensibilités.
En réalité, souligne le pape, la question fondamentale est d'ordre ecclésiologique, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une question qui ne peut être résolue que par l'adoption d'une loi sur les droits de l'homme, de comprendre que la liturgie est une expression de l'Église, tout comme le Conseil lui-même.
C'est pourquoi il souligne que seule l'Église - la communauté de ceux qui suivent le Christ ressuscité unis en son corps par l'Esprit Saint - surmonte "l'espace étroit de l'individualisme spirituel". (n. 32). En effet, ce qui est en jeu ici, c'est la réalité même de ce qu'est une personne au sens plein du terme : un être appelé à subsister en soi et à mûrir en relation avec les autres.
À cet égard, le Pape ajoute avec une expression qui peut à juste titre attirer l'attention : "Seule l'Église de Pentecôte peut concevoir l'homme comme une personne, ouverte à une relation pleine et entière avec Dieu, avec la création et avec ses frères et sœurs". (n. 33).
. On pourrait se demander : est-ce en dehors de l'Église que la personne ne trouve pas d'épanouissement et de reconnaissance ? Et on pourrait alors répondre : peut-être, plus ou moins, mais pas complètement, selon la foi chrétienne.
Ainsi nous en venons à la formation liturgique en particulier. Et voici que François prend la main confiante de Guardini pour proposer une "la formation pour la liturgie et la formation à partir de la liturgie". (n. 34).
Tout d'abord, la formation "pour" la liturgie. Cela comprend, précise le pape, la connaissance de la signification théologique de la liturgieCeci est combiné à une compréhension des textes euchologiques (liturgiques), des dynamismes rituels et de leur valeur anthropologique.
Le sens théologique de la liturgie inclut le fait que ce n'est pas seulement le prêtre qui célèbre, mais toute l'Église, le Corps du Christ.
Ce "sens" de la liturgie requiert non seulement l'étude et l'explication, mais aussi : "l'expérience d'une foi vivante, nourrie par la prière". (n. 36)le lien de chaque discipline de la théologie avec la liturgie (attention à la formation sacerdotale) ; placer la célébration eucharistique dominicale au centre de la vie chrétienne ; vivre la proclamation de la foi ou l'évangélisation comme conséquence de la célébration liturgique ; formation liturgique continue pour les ministres et tous les baptisés.
Deuxièmement, la formation "à partir" de la liturgie. C'est-à-dire, la formation dont chaque baptisé a besoin pour participer à la célébration, dont le but premier est la louange et l'action de grâce à Dieu le Père, par le Christ dans le Saint-Esprit. En même temps, par la communion eucharistique, nous devenons ce que nous mangeons. (Saint Léon le Grand).
Par la liturgie, ses gestes et ses signes, la création tout entière est attirée vers le Christ et mise au service de l'amour et de la gloire du Père.. C'est ainsi que l'enseignement du livre de la Genèse est confirmé, complété par l'œuvre du Christ : l'homme, toute son activité et son travail sont au service de l'adoration de Dieu et au service, pour l'amour de Dieu, de tous les hommes.
C'est pourquoi l'homme est pleinement "vivant" lorsqu'il connaît Dieu et vit selon Lui (Saint Irénée). Il est nécessaire, dit le Pape, de redécouvrir les choses créées avec émerveillement, "avec un regard nouveau, non superficiel, respectueux et reconnaissant" (n. 46).
En outre, et en relation avec ce que François a dit ci-dessus sur "le dynamisme rituel et sa valeur anthropologique", il souligne avec Guardini la nécessité d'une formation liturgique pour aider à restaurer la capacité de l'homme à comprendre et à vivre ce qui est exprimé dans les symboles.
En premier lieu, ajoute François, le sens profond et beau du corps lui-même, au service de l'âme. Le successeur de saint Pierre observe que, bien que le sens du symbole se soit perdu aujourd'hui, nous ne devons pas abandonner cette tâche car le langage symbolique est constitutif de l'homme et est au service de sa transcendance.
L'initiation au langage symbolique de manière simple peut être faite par les parents ou les grands-parents, les curés et les catéchistes qui enseignent le signe de la croix, l'agenouillement ou les formules de la foi. En fait, le langage symbolique va au-delà du langage conceptuel et s'engage plutôt sur la voie de la beauté, de la confiance et de l'affection.
Parmi les signes liturgiques, le pape en souligne trois : le silence, l'agenouillement, la Parole. Le silence, lorsqu'il est prévu dans la liturgie, symbolise la présence et l'action de l'Esprit Saint, qui pousse au repentir et à l'écoute, à l'adoration et au don généreux de soi.
L'agenouillement est une manifestation de repentance, d'humilité et de gratitude, mais aussi de foi en la présence de Dieu. La Parole est proclamée et entendue, elle inspire la prière et devient la vie de la personne et de la communauté.
En outre, François nous invite à redécouvrir le sens de l'année liturgique (comme chemin de formation, centré sur Pâques, et configuration au Christ) et du dimanche, le jour du Seigneur (comme don de Dieu à son peuple, moyen de formation, lumière et élan pour la communion fraternelle et le service).
Avant tout, souligne François, ils doivent veiller à "l'art de célébrer" (qui n'est ni une simple observation des rubriques ni une créativité sans règles) et expliquer la primauté de l'action de l'Esprit Saint (avant les subjectivismes ou les culturalismes, qui donnent prévalence aux sensibilités individuelles ou incorporent des éléments culturels sans critères). Ils doivent également enseigner la dynamique du langage symbolique, déjà mentionnée.
Avec Guardini, Le pape insiste sur le dépassement de l'individualisme et du subjectivisme par une prière obéissant à l'Église. De cette façon, la "discipline" même de l'Église façonne nos sentiments, nos attitudes et notre comportement en conformité avec ce que nous sommes : un seul corps, l'Église.
En ce qui concerne la manière de présider les assemblées liturgiques, François met en garde contre le risque d'un "personnalisme exagéré" de la part des ministres. Et il souligne la nécessité pour eux d'être "une présence particulière du Ressuscité".
Quoi qu'il en soit, "l'art de célébrer" s'apprend en grande partie par la prière et le contact avec le feu du Saint-Esprit.. L'Esprit est le mouleur du ministre, afin qu'il puisse présider correctement la liturgie tout en façonnant sa vie en fonction de ce qui est célébré.
Il conclut en appelant à, Face à l'importance de la communion et à la beauté de la liturgie, abandonnons les polémiques qui nous divisent..
. A trois reprises, il fait référence à la lettre apostolique "Traditionis custodes" (2021) sur l'usage de la liturgie romaine avant la réforme de 1970. Il affirme ici l'avoir écrite "pour que l'Église puisse susciter, dans la variété des langues, une prière unique et identique capable d'exprimer son unité", qu'il souhaite rétablir dans toute l'Église de rite romain. (n. 61).
M. Ramiro Pellitero Iglesias
Professeur de théologie pastorale à la Faculté de théologie de l'Université de Navarre.
Publié dans "Eglise et Nouvelle Evangélisation".