Le 28 janvier 1972, il y a 50 ans, Dino Buzzati est décédé à la clinique La Madonnina de Milan. Un grand nom du journalisme italien, lié au Corriere della Sera.
Homme aux multiples facettes, cultivateur de l'art, de la musique et des arts. Littérature italienneOn se souviendra toujours de Dino Buzzati pour son roman Le désert tatar. Une histoire à haute valeur symbolique, un exemple de ce que l'on appelle le littérature d'attenteavec des parallèles avec Le Château de Kafka et En attendant Godot de Beckett.
Son protagoniste est l'officier Giovanni Drogo, gardien d'une forteresse sur laquelle plane une menace, celle des Tartares, obsessionnellement présente mais ne se matérialisant jamais dans le temps. Le résultat est l'angoisse, la tristesse et la résignation, avec lesquelles la vie est paralysée par un événement qui n'arrive jamais, et qui, s'il arrivait, rattraperait ceux qui attendent sans le tonus vital pour réagir.
C'est la chronique d'une attente désespérée, dans laquelle la sécurité a plus de valeur que la liberté, car la liberté implique un risque, mais la peur évite de le prendre. La vie devient une frustration, un désert intérieur sans attentes. Comme l'a écrit Borges, le héros de l'histoire s'attend à des foules, alors qu'en réalité le désert est vide. On pourrait ajouter que est le roman de la procrastination, l'un des plus grands dangers de l'existence humaine.Elle implique un renoncement à la vie quotidienne et à faire ce qui doit être fait à chaque instant.
Dino Buzzati ne partage pas la méthode de la procrastination. C'était un homme avec un grand sens du devoir, du travail tranquille et passionné, mais en même temps il était très émotif, car, enfant, ses lectures l'avaient conduit sur les chemins de la fantaisie et de l'imagination. Il avait reçu une éducation chrétienne, mais la flamme de la foi s'était progressivement éteinte.
Le poète Eugenio Montale a cependant écrit un article nécrologique dans lequel il affirmait que Buzzati était un naturaliter christiano. Il prétendait ne pas croire, mais sa vie est pleine de références à une quête de Dieu. Il est allé jusqu'à écrire un poème dans lequel il prie un Dieu en qui il ne croit pas, qu'il appelle, mais qui, malgré tout, "par la force terrible de mon âme, viendra". Cependant, le problème de Dieu, selon l'écrivain, réside dans la croyance en la vie après la mort.
Celui qui ne croit pas en l'au-delà ne peut pas croire en Dieu. Dino Buzzati a insisté sur le fait qu'il n'était pas croyant, mais comme tout bon journaliste, il a posé des questions incisives à ceux qui croyaient. Ce fut le cas de Sœur Beniamina, une religieuse qui s'est occupée de lui au cours du dernier mois de sa vie dans la clinique de Milan où il avait été admis pour un cancer du pancréas.
Il avait également un livre sur sa table de chevet, les Pensées de Pascal, car il s'identifiait à la recherche du Dieu caché dont parlait le philosophe français. Comme Pascal, Buzzati rejette le rationalisme cartésien, avec sa foi aveugle dans la raison et l'intellect, qui conduit, qu'on le veuille ou non, à mettre Dieu entre parenthèses.
La novela de Dino Buzzati se adaptó al cine en 1976 por Valerio Zurlini.
Celui qui cherche Dieu est quelqu'un qui se rend compte de la fragilité de l'humanité.le "roseau pensant" dont parle Pascal. Cette recherche reflète le besoin d'un créateur. Dans une confidence à un ami journaliste, Buzzati soulignait que, sans son créateur, "l'homme est un atome perdu dans le maelström désertique de l'univers".
Il a également déclaré que "le désir de Dieu dans l'homme s'est affaibli et qu'un vide épouvantable est apparu, ce qui est la tragédie du monde moderne". Néanmoins, dans la clinique, l'écrivain n'a pas voulu appeler à un prêtreY voyait-il une solution facile pour se libérer du poids des fautes de sa vie ? Certes, Dino Buzzatti n'avait pas retenu les paroles du prophète Isaïe, souvent citées par Pascal, celles qui disent que "Même si vos péchés sont comme l'écarlate, ils deviendront blancs comme la neige". (Is 1:18).
Cependant, Dino Buzzati a embrassé le crucifix autour du cou de Sœur Beniamina dans ses derniers moments.Le même jour, alors qu'une chute de neige inhabituelle s'abat sur Milan, il demande à sa femme de le raser, car il veut être présentable pour la réunion la plus importante de sa vie.
Un bon ami de Buzzati, le prêtre David Maria Turoldo, a écrit un poème dans lequel il évoque un frère athée qui part à la recherche d'un Dieu qu'il ne sait pas lui donner, mais lui propose de traverser ensemble le désert. Il est bon de rappeler que le désert a la qualité de laisser souvent des traces de pas dans le sable.
Dans une lettre confidentielle d'août 1971 adressée à Gioacchino Muccin, évêque de Belluno, la ville natale de Buzzati, l'écrivain déclare qu'il a frappé à la porte de Dieu et que la porte s'est ouverte, même s'il ajoute que cela ne sera pas compté avant dix ans.
Certains critiques des œuvres de Dino Buzzati insistent sur le fait qu'il est inutile d'y chercher un supposé christianisme. Ils voient du spiritualisme, mais pas de la spiritualité ou de la transcendance. D'autre part, Je reste avec le Buzzati mourant qui embrasse le Crucifié. Dans ces moments-là, on n'embrasse que ce que l'on aime vraiment.
Avec la collaboration de :
Antonio R. Rubio Plo
Diplômé en histoire et en droit
Écrivain et analyste international
@blogculturayfe / @arubioplo